29 octobre 2025

Soirée 1 - 
21h
Bloc_2




1345 Ave. Lalonde, Montréal, QC H2L 5A9


Stéphane Roy (ca)

Stéphane Roy est compositeur en art acousmatique. Il emploie une démarche plasticienne qui lui permet d’extraire après une longue exploration du matériau sonore des propriétés expressives qui se matérialisent dans ses œuvres par une écriture du tragique, et parfois de la démesure, ainsi qu’une tension dramatique soutenue.

Stéphane Roy est aussi musicologue, il est l’auteur de plusieurs articles et d’un ouvrage sur l’analyse de la musique électroacoustique (L’Harmattan, Paris, 2003) qui lui a valu en 2005 le Prix Opus 2003-04 du Livre de l’année. En 2021, c’est son album, L’inaudible, qui a obtenu le Prix Opus 2019-20 dans la catégorie Album de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique. Stéphane Roy a par ailleurs remporté des prix et des mentions lors de concours de composition électroacoustique nationaux et internationaux. Ses œuvres ont été présentées à plusieurs reprises tant en Europe que dans les Amériques.

Titulaire d’un doctorat en composition électroacoustique et d’un PhD en musicologie de l’Université de Montréal, il a enseigné à l’Université de Montréal, à la Queen’s University (Ontario) et dans des conservatoires de musique, tant au Québec qu’à l’étranger.

Stéphane Roy est compositeur agréé au Centre de musique canadienne (CMC), membre de la Communauté électroacoustique canadienne (CÉC), et ses œuvres ont été éditées sous diverses étiquettes, notamment empreintes DIGITALes (Kaleidos, 1996; Migrations, 2003; L’inaudible, 2019; Coups de foudre, 2025). Il est présentement membre du conseil d’administration du Groupe Le Vivier.

Programme
Après, les cendres (2023) 15’19”

Après, les cendres est une œuvre acousmatique inspirée librement des poèmes ICBM (Intercontinental Ballistic Missile) et Nous sommes installés sous le tonnerre... tirés du recueil Pour les âmes (Typo, 1993) du poète québécois Paul-Marie Lapointe(1929-2011).

ICBM (Intercontinental Ballistic Missile) évoque une humanité bercée par le réconfort d’une sécurité illusoire. La métaphore du sommeil utilisée dans le récit symbolise la conscience anesthésiée devant l’impensable, comme l’expriment avec tant d’ironie les vers «Un bombardier repose à tes côtés / tes nuits sont assurées!». Quant au poème Nous sommes installés sous le tonnerre..., il annonce une prophétie terrible : «le signe de la foudre marque les hommes au jour le jour».

Les trois premières sections d’Après, les cendresnoir présage, chants de mines, mur des silences— reflètent la nature obsédante de cette fatalité et ses réminiscences dans le domaine du rêve. On y retrouve un univers introspectif incarné par des sons éphémères et furtifs, des mélodies tourmentées et des matières découpées par des mouvements spatiaux instables qui contribuent à créer un monde onirique.

La dernière section —incandescente fureur— s’amorce sur la prophétie réalisée. Jour de fureur!  Cette section se conclut sur la misère et les cendres laissées par la destruction, ainsi qu’une douleur lancinante parfaitement exprimée par ce vers bouleversant : «les enfants se recroquevillent comme des feuilles brûlées» (ICBM). On assiste alors à l’ascension d’une matière fine et évanescente, libérée de la gravité terrestre, comme ces âmes fauchées qui poursuivent leur route infinie.

Après, les cendres a été réalisée en 2023 au studio du compositeur avec l’aide duConseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).


Avec le temps... [extraits]  (2022-2024) 15’09”

•Tressaillement
•Errance
•Chute
•Fracture
•Fugacité

Le temps qui passe comme une caravane tranquille, ce flux perpétuel qui ne connait pas l’humain habité par sa conscience du passé-présent-futur, un mouvement que rien ne peut détraquer ou freiner, et qui s’écoule inexorablement par d’infinies petites tranches de «présent»: voilà la toile de fond sur laquelle se déroule nos existences.

Avec le temps... est une suite acousmatique multicanale (5.1) qui comprend neuf miniatures ayant leur identité temporelle propre. Ces miniatures peuvent être présentées à géométrie variable et assemblées dans un ordre différent à chaque diffusion pour mettre en relief de nouveaux rapports expressifs. Je laisse à l’auditeur le soin de déterminer de quelle temporalité relèvent ces différents moments. Mais au-delà de la thématique temporelle, il y a la musique qui domine le temps vécu par ses phonographies, ses mises en espace, ses silences porteurs de sens, son lyrisme et sa fureur.

Avec le temps... a été réalisée en 2022 et revue en 2024 au studio du compositeur à Brossard avec une aide en recherche et création du Conseil des arts du Canada (CAC). Elle a été éditée sous empreintes DIGITALes (Coups de foudre, 2025).

Texte complet sur electrocd


Crédit photo : Maddi Berger






Natasha Barrett (no/gb)

Natasha Barrett (NO/UK) est compositrice, artiste en nouveaux médias et chercheuse. Elle crée de la musique acousmatique, électronique et électroacoustique live, des installations sonores pour l'espace public et des œuvres audiovisuelles. Elle est reconnue pour son exploration du son 3D et de l'ambisonie. Elle est fascinée par les sons que le monde a à offrir : la nature, la culture, les gens, les lieux ; les nuances, les expressions humaines, les interprètes et leurs instruments, etc.

Dans sa musique, elle s'efforce d'exploiter l'énergie, la beauté et la brutalité unique de ces sons, qui trouvent tous leur place dans le grand projet musical. Outre sa carrière solo, elle collabore régulièrement avec des interprètes, des artistes visuels, des architectes et des scientifiques, s'appuyant souvent sur des données simulant ou créées par des processus du monde réel comme source d'exploration artistique. Parmi ses temps forts, on compte des œuvres audiovisuelles 3D avec l'OpenEndedGroup, basé aux États-Unis, des sonifications scientifiques et artistiques en collaboration avec des géoscientifiques, et des collaborations électroniques en direct avec des solistes et des ensembles tels que l'Ensemble l'Itinéraire (FR) et Cikada (NO). Elle est également codirectrice de l'ensemble de performance Electric Audio Unit (EAU), qui organise et présente des concerts de musique spatiale en Norvège.

Ses œuvres sont commandées et jouées dans le monde entier et ont été primées dans 35 concours internationaux, dont le plus prestigieux prix décerné aux compositeurs nordiques, le Prix de musique du Conseil nordique. Sa musique est publiée sur Persistence of Sound (Royaume-Uni), Sargasso (Royaume-Uni), Lawo (NO), Aurora (NO), empreintes DIGITALes (CA) et de nombreuses compilations. Elle a été professeure en Norvège et au Danemark.

Programme 
Dusks Gait  (2018) 12’00”

À la tombée de la nuit, un écosystème de créatures fictives apparaît, projetant leurs caractères à travers leur démarche ou leur manière de se déplacer. « La Marche du Crépuscule » (Dusks Gait) célèbre des instants de nature réelle qui peuvent facilement s'éteindre. La composition capture de nombreuses expériences nocturnes de la nature, ainsi que des fantasmes derrière le voile de l'obscurité. La pièce a été composée durant un mandat de professeure invitée de la chaire Edgard Varèse aux Studios Électroniques de l'Université Technique de Berlin, et dans l'atelier du compositeur.


The Swifts of Pesaro (2024) 6’07”

En novembre 2023, alors que je préparais la première d'une composition pour grand orchestre et électronique live, j'ai pris quelques jours de répit, loin de l'intensité des performances, des foules et des salles de concert. Pour me détendre, j'ai visionné quelques enregistrements réalisés durant les douces nuits de Pesaro (Italie) au début de l'été. Ces expérimentations ont donné naissance à des paysages sonores ambiants et immersifs, auxquels, contrairement aux compositions énergiques sur lesquelles je travaillais, je ne pensais plus beaucoup. Ce fut aussi un moment de méditation face aux destructions qui ravageaient le monde fin 2023. Plus tard, j'ai trouvé du réconfort dans ces matériaux et j'ai exploré comment ils pouvaient vivre dans une courte composition. Le résultat est « Les Martinets de Pesaro ». Dédié au chercheur en éco-acoustique et artiste sonore David Monacchi


Toxic Color (2024) 15’20”

Exploitation minière. Construction. Industrie. Nettoyage ou dissimulation ? La première exposition en plein air présentant des photographies aériennes capturant l'impact humain sur les paysages naturels fut « La Terre vue du ciel » du photographe français Yann Arthus-Bertrand, présentée à Paris en 2000. Le paradoxe de ces photos fascinantes, contrastant avec les paysages souvent ravagés et altérés par l'homme qu'elles capturent, est devenu le thème de nombreux projets photographiques. J’ai une attirance constante pour ces images époustouflantes, mais leurs propos se perdent dans notre monde saturé de médias visuels numériques. J'ai pensé qu'il était temps de m'exprimer en son. « Toxic Colour » a été commandée par l'EAU avec le soutien d'Arts and Culture Norway.

Nous remercions l’ambassade de Norvège à Ottawa qui a permis la venue à Montréal de l’artiste.



Crédit photo : Jan Erik Breimo